Interview de Valentin Boogaerts, designer de jeux vidéo

 

Quel est votre parcours ?
Je suis né au début des années 80 dans une famille d’artistes où j’ai eu la chance d’avoir très tôt des crayons, feutres et pinceaux entre les mains. N’aimant pas l’école, seul le dessin et les jeux vidéos (encore très nouveaux à l’époque) me passionnaient. J’ai donc travaillé dans l’unique but de rentrer à l’école Estienne à Paris où j’ai appris les bases de tous les domaines artistiques  (excepté l’infographie qui en était à ses débuts mais que je pratiquais en autodidacte), puis la prestigieuse école des Gobelins qui ma permis d’être au contact des meilleurs et m’a ouvert beaucoup de portes.

J’ai donc pendant 17 ans traversé tous les spectres du design graphique : modélisation 3D dans les jeux vidéos, communication visuelle pour des marques de luxe,  animations flash, affiches de cinéma (Fox, Pixar…), presse musicale et web design en Chine où j’ai vécu quelques temps.

Mais,  il y a maintenant 3 ans, je suis tombé par hasard dans la création de jeux vidéos mobile/tablette qui est le domaine le plus épanouissant et intéressant dans lequel j’ai travaillé. C’est à chaque projet un vrai bonheur d’évoluer dans cette discipline qui requiert beaucoup de techniques que j’ai pu apprendre toutes ces années.

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Quand avez-vous su que vous vouliez devenir designer de jeux vidéo ?

Mon premier souvenir concernant mon futur métier était de devenir « inventeur de jouets » je devais avoir 5 ans, mais lorsque mes parents m’ont offert ma première console de jeux (une Sega Master System) à l’âge de 7 ans j’ai su que c’était ce que je voulais faire bien qu’il n’y avait pas encore de nom à mettre sur ce métier. J’étais attiré non seulement par les jeux eux-mêmes mais aussi par les illustrations des boites de jeux vidéos, le design des consoles et des accessoires. J’étais d’ailleurs littéralement fasciné par les salles de jeux étant enfant, les images, les sons… Je me souviens de mes premiers pas d’enfant dans une salle d’arcade comme l’un des moments les plus intenses de ma vie.

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Que fait un designer de jeux vidéo? ? A quel stade intervenez-vous dans la production d’un jeu ?

Le jeux vidéo ayant évolué avec les nombreux supports technologiques et toutes les contraintes et possibilités qu’ils offrent, il y a désormais mille manières de pratiquer ce métier, aussi bien au niveau des outils, du style graphique que des structures.

On m’avait par exemple, proposé à la sortie des Gobelins de travailler sur le jeux Superman en 3D. Lors de mon entretien on m’avait expliqué que je ferais parti d’une grande équipe et que je passerai une année entière à ne travailler que … sur la cape de Superman. J’ai trouvé cette perspective effrayante et j’ai eu la chance d’avoir pu rentrer dans un tout petit studio avec beaucoup moins de moyens mais où j’ai pu goûté à cet esprit pur du jeux vidéo où l’on touche un peu à tout et on l’on doit constamment se surpasser pour combler les moyens limités.

J’ai eu la chance d’être formé lors de mon premier job de level designer par un prodige d’Ubi Soft, Antoine Le Clainche, qui m’a donné tous les outils nécessaires pour développer mon imagination, de persévérer dans la technique et qui m’a surtout transmis sa passion en me faisant réaliser que la création de jeux vidéos est une discipline à part entière.

Mon travail aujourd’hui consiste à réaliser de A à Z des jeux (logos, sprites, décors) pour mobiles et tablettes pour des studios. Les délais sont en général très courts, de 2 à 4 semaines et je dois m’organiser pour réaliser un jeu riche et attractif graphiquement, avec une personnalité propre et qu’il soit une réussite d’un point de vue marketing. Chaque projet est un tour de force car on peut me demander tout type de styles graphiques pour tout type de cibles. Je pense être devenu maso car plus le chalenge est fort et plus je prends plaisir à travailler dessus.

C’est la raison pour laquelle je ne peux montrer les rendus finaux de mes jeux ici, compte tenu des clauses de confidentialité entre mes clients et moi. Je dois être un des seuls graphistes dont le folio en ligne est protégé par mot de passe.

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Comment vous êtes-vous formé au dessin ?

J’ai grandi en partie juste en face du centre Georges Pompidou où j’ai passé beaucoup de temps très jeune à me balader. Mon père était illustrateur freelance et avait donc une bibliothèque d’art et de bandes dessinées très impressionnante. Il avait pour habitude de me donner de grandes feuilles de papier, format raisin, et de quoi dessiner pour que je laisse libre court à mon imagination. Les écoles d’arts ont ensuite pris le relais mais ce sont des métiers où il faut vraiment ne compter que sur soi pour progresser. C’est un sacrifice, des heures et des heures à dessiner pendant que les autres s’amusent, sortent et font la fête mais la satisfaction de se surpasser enlève tout sentiment de frustration.

De plus, il n’y a désormais plus d’excuse quand on voit le nombre impressionnant de tutoriaux sur Youtube permettant de se former sur à peu près n’importe quoi.

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Quelles sont vos sources d’inspiration ? Les artistes que vous admirez ?

Hormis les inspirations que l’on acquiert lors de l’enfance et qui sont dures à déterminer (beaucoup de bandes dessinées classiques et de séries TV japonaises), je pense que l’on peut diviser ses inspirations en plusieurs familles. Pour ma part :

– Le manga One Piece, Docteur Kishiwada où les bandes dessinées de Jacovitti ou Gotlib pour la dimension créative. La création est un muscle qu’il faut quotidiennement travailler car c’est ce qui nous permet de garder ce lien avec l’enfance qu’il est primordial de préserver. C’est pour moi, ma plus grande force.

– Pour tout ce qui est des couleurs je suis impressionné par les coloris des illustrations du jeux Dofus. Ils ont des gammes fabuleuses et une manière très subtile de travailler leurs personnages avec des couleurs très vives, et des décors beaucoup plus feutrés, qui arrivent parfaitement à se mélanger. Je suis aussi un grand fan du magazine de déco intérieure AD qui donne un bon aperçu des tendances actuelles en terme de couleurs et de matières. Le jeux vidéo ne doit pas s’inspirer que de lui-même mais au contraire puiser dans les tendances des autres disciplines.

– Pour finir en terme de dessin pur, je suis de près le travail d’illustrateurs comme James Jean ou le Coréen Jung Gi Kim, qui ont un niveau qui frise le génie. Leurs travaux sont sublimes et j’invite tout le monde à s’intéresser à ce qu’ils produisent.

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A quel type de dessin s’apparente votre sensibilité ? Votre travail ?
Etant donné que mes clients me commandent des jeux avec des thèmes graphiques très différents, je dois sans cesse m’adapter et me renouveler. Il m’arrive de travailler dans un style très manga/kawaï, ou plutôt heroic fantasy, retro pixel ou parfois photo réaliste. Avoir un style propre trop marqué est à double tranchant. Vous pouvez subitement avoir un engouement pour votre travail mais qui vous fera tomber aux oubliettes dès que la mode sera passée à autre chose (et elle passe à autre chose beaucoup plus vite que l’on croit).

Pour moi l’illustrateur se doit d’être comme un pianiste, il a ses préférences de styles mais sa technique parfaite doit lui permettre de jouer aussi bien du classique que du jazz. Pensez-vous comme un couteau suisse qui s’adapterait à tout type de problématique plutôt que de vous enfermer dans une niche graphique…

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Comment organisez-vous votre studio, votre lieu de travail et quelle est votre routine quotidienne de travail ?

Mon workflow se divise en deux parties distinctes :

1) Une boite portative qui comprend un ipad (pour afficher mes modèles photo si besoin) et une soixantaine de COPIC ainsi que le matériel de dessin de base qui va me permettre de sketcher mes idées avant de les présenter aux clients. Je travaille systématiquement l’après-midi à l’extérieur, dans des cafés ou des espaces de co-working très populaires en Asie où je suis actuellement.

La tâche est de tout réaliser avec mes COPIC (sprites, icones, illustrations, logos)  afin de gagner un maximum de temps pour la suite et surtout de permettre à mes clients de valider l’esprit graphique. Les sketches sont en général très proche des versions finales sous Photoshop, l’essentiel des idées et concepts graphiques étant déjà présents.

2) Puis je rentre à mon bureau ou j’ai ma workstation avec palette graphique Wacom et deux grands écrans 26 pouces. J’y réalise ensuite mes sketches en version numérique sous Photoshop généralement de 20h00 à 6h00 du matin. La nuit étant le meilleur moment à mon goût pour les sessions de travail. Toute la recherche ayant été faite en amont avec mes COPIC, la réalisation définitive est alors très fluide.

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Quel matériel utilisez-vous pour le crayonné, l’encrage, la colorisation ?

COPIC sketch pour la colorisation, Copic Multiliner SP pour le dessin trait et une gamme de porte-mines des japonais Pyramid que je trouve très beaux et surtout bien lourd au touché. Au niveau des gommes j’utilise les gommes Rotring noire « TIKKY 20 » qui ont un pouvoir effaçant très efficace sans pour autant abimer le papier et l’encre des Multiliner.

Comment connaissez vous les COPIC ?

Je suis tombé dessus complètement par hasard au détour d’une allée d’un magasin d’art parisien il y a maintenant 3 ans. J’ai adoré la palette de couleurs, le logo et le design des feutres. C’est bête mais c’est ce qui m’a poussé à en acheter 2. J’avais arrêté à l’époque le dessin pendant près de 5 ans, me concentrant exclusivement sur l’infographie.

Une fois achetés je me suis remis à dessiner petit à petit, au début par nostalgie, puis au fur et à mesure que ma collection de COPIC grandissait, j’ai commencé à les utiliser systématiquement dans mon processus créatif. En voyant que les clients y étaient très réceptifs et enthousiastes, c’est devenu une étape à part entière de ma méthode de travail.

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Pourquoi avez-vous choisi COPIC ?

Il y a je pense deux aspects qui m’ont attiré vers cette marque. Le côté purement matériel qui pour moi est d’extrêmement bonne qualité, des encres très denses et qui permettent -tout comme le travail sous Photoshop- le mélange et surtout de travailler en couches de couleurs ; Et au passage, détail très important lorsque l’on fait des sessions de 4 ou 6 heures de dessin : les encres ne sentent pas.
Le second point qui me plait est que COPIC est aussi devenu un état d’esprit et je le comprend de plus en plus lors de mes voyages. Je rencontre presque tous les jours des jeunes étudiants en art, graphistes, stylistes ou designers qui, voyant ma Copic box sur ma table, viennent me parler et échanger avec moi.
Nous avons tous cette double passion du dessin en lui-même mais aussi du beau matériel. Je sens chez les utilisateurs de COPIC un peu cet esprit commun et amour de la marque elle même que l’on retrouve chez Apple.

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Quelle sorte de COPIC utilisez-vous et comment ?

Au niveau des couleurs j’ai une centaine de Copic Sketch et Marker. J’ai aussi quelques CIAO achetés au tout début de ma collection, que je donne petit à petit aux étudiants que je rencontre. Ce n’est pas grand chose mais c’est une manière de les encourager à progresser et d’échanger humainement.

Au niveau des encres j’en ai une cinquantaine qui correspondent aux COPIC que j’utilise le plus. Par exemple, mon COPIC « Moustard », que je n’utilise que quand je dessine de la nourriture et est toujours plein après 2 années car très rarement utilisé. En revanche mes gris, bleu et vert de base ont besoin d’être rechargés toutes les 2 semaines car je les utilise énormément.

Pour ce qui est du trait encré, je suis tombé amoureux de la gamme Multiliner SP. Les feutres sont très beaux et ont une densité qui les rend très agréable à utiliser. J’ai la gamme complète mais j’utilise surtout le 0.5 pour le dessin, 0.7 pour les outlines et 0.05 pour les détails.

Utilisez-vous le blender/mélangeur ? Les aérographes ?

Travaillant généralement dans des lieux publics je ne peux pas utiliser les aérographes. J’utilise le blender surtout pour les effets de matière type vitre. Je blend sinon en général avec une couleur très claire.

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Sur quel support papier utilisez-vous les COPIC ?

J’ai des blocs de papier COPIC pour les grandes illustrations mais aussi du papier traditionnel pour le dessin de tous les jours qui nécessite parfois une mise en couleur. Trouver du bon papier n’est pas un exercice facile et j’ai dû en tester une bonne quinzaine avant de trouver un papier qui réagissait bien : Sketch book de chez Masterart.

On perd à peu près 20% de clarté des couleurs comparé au papier COPIC et le papier va absorber 15% d’encre en plus, mais c’est pas si mal car la plupart des papiers traditionnels, en plus de vider vos Copic en quelques jours, assombriront vos couleurs et feront baver vos encres.

Ne surtout pas négliger le choix du support papier car en voulant économiser en utilisant du papier cheap cela fini par coûter beaucoup plus en encre et pour un résultat graphique plus médiocre.

Quelles sont les combinaisons de couleurs COPIC que vous utilisez le plus et pourquoi ?

Chacun travaille un peu à sa manière mais pour ma part je colorie toujours sur une base de 3 nuances + 2 gris + couleurs de lumière. Si je dois par exemple mettre en couleur un poisson je remplirais d’abord avec un bleu très clair, puis un bleu medium pour la partie sombre et un bleu foncé pour les ombres. Je passe ensuite au gris W2 par exemple pour assombrir et blender mes parties obscures, puis un gros franchement plus foncé type T4 pour les zones franchement sombres.

Je repasse ensuite mes zones claires avec des couleurs hors gamme, par exemple du rose, du vert ou du jaune pour donner de la texture à l’ensemble.

Il faut évidement utiliser les couleurs en harmonie mais ne surtout pas hésiter à expérimenter et à oser des mariages contre nature. Mieux vaut un peu d’audace que l’on réfrènera avec le temps qu’être trop sage et de toujours s’enfermer dans les mêmes mises en couleur.

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Que conseilleriez-vous à un jeune artiste en couleur et équipement COPIC ?

Cela dépend évidement des budgets de chacun mais je conseillerai de constituer sa collection de la manière suivante :

1) Deux ou trois COPIC gris pour commencer à se familiariser en noir et blanc, sans en prendre des trop proches en terme de valeurs. Pour ma part j’aime mélanger des gris chauds et froids tels que le C1, N3 et W5.

2) Je conseille ensuite de fonctionner par couche, c’est-à-dire d’acheter un feutre clair de chaque gamme : une bonne couleur de peau (E02 par exemple), un bleu ciel (B00), un vert clair (G12), un rouge pas trop foncé (R27), un jaune (Y15), un orange (YR16) et un marron (E33).

Cette première gamme de 10 COPIC vous permettra de dessiner à peu près n’importe quoi en jouant sur les valeurs avec vos différents gris sans trop investir.

3) Vous pourrez ensuite, petit à petit, ajouter un COPICun peu plus foncé à chaque famille de couleur ce qui vous fera une gamme de 17 COPIC.

4) Pour la suite on peut continuer ainsi comme je l’ai fait pour au final avoir 10 COPIC pour chaque gamme ce qui me permet d’être polyvalent à tout type de sujet avec 60 COPIC.

J’ai ensuite à mon bureau pas mal de COPIC de couleurs plus marquées, moins utiles au quotidien mais qui me servent sur des sujets plus spécifiques.

Au niveau du dessin trait, je conseille d’investir tout de suite dans un multiliner 0.5 ou 0.3 qui permettra d’avoir un trait propre et précis et qui surtout n’interagira pas avec les encres. Vous pouvez ensuite, au fil du temps étoffer votre collection avec des mines très larges et très fines.

Prenez votre temps, choisissez les couleurs qui vous ressemble, chaque encre réagit différemment à une autre et vous vous familiariserez vite avec leurs différentes personnalités.

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Comment comparez-vous le travail au marqueur à alcool par rapport au numérique ? Quand/Pourquoi utiliser l’un plus que l’autre ?
Ils sont pour moi totalement complémentaires. Je n’aurais jamais le rendu un peu plastique et sharp d’une illustration Photoshop avec un dessin, et je n’aurais jamais l’inspiration et le plaisir de dessiner sur papier en étant assis devant mon ordinateur.

Dans mon cas le dessin manuel précède systématiquement le travail infographique dans la chaîne de travail mais il a au final une place plus importante car c’est lui qui va déterminer l’esprit, la composition et donc le rendu final. Comme je le dit tout le temps, le sketch c’est 90% de l’illustration. La phase infographique ne sera que la retranscription de l’idée avec l’outil numérique.

Est il nécessaire de connaitre les deux types d’outils ? Comment voyez vous l’avenir en terme d’outils de création en infographie ?

Je pense que n’importe quel illustrateur se doit de connaitre un minimum Photoshop et/ou Illustrator. Vous pouvez facilement vous y former en 2 semaines et les possibilités ne serait-ce que de retravailler vos travaux et de les présenter sont immenses. Il y a évidement les palettes graphiques qui offrent une méthode de travail hybride, mais qui au final restent des approches infographiques beaucoup moins libre que le dessin papier.
Dans l’autre sens, la plupart des infographistes que je rencontre sont assez surpris de me voir travailler des icones ou des sprites sur papiers mais il suffit que je leur montre côte-à-côte les versions sketch et numériques pour qu’ils comprennent que c’est une interaction vertueuse et ils sont au final tous fascinés par ce retour au manuel pour améliorer le numérique.

J’ai fourni il y a peu quelques COPIC à un jeune infographiste thaïlandais qui a vraiment boosté sa créativité et même sa technique avec ma méthode. Le fait de délaisser un peu sa Wacom, de se concentrer sur le papier et la créativité pure est je pense un retour à l’état d’enfant que l’on a tous été. Je le croise régulièrement et ses sketchs, pourtant destinés à des créations numériques, sont impressionnants.

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Parmi tous vos projets, lequel a été le plus difficile, lequel a été le plus satisfaisant ?

Mon pire souvenir est mon premier pixel game. Mon client voulait un rendu identique au jeu Mine Craft mais sur un plan 2D. J’ai pris le problème à l’envers en voulant donner un aspect pixel à des créations qui ne l’étaient pas. Le résultat a été accepté mais à mes yeux peu concluant. J’ai depuis retravailler sur du pixel game mais en reprenant tout à zero. Je ne ferais plus l’erreur de vouloir adapter le but à mes moyens, en tant que graphiste c’est à nous de repartir à zéro, à apprendre de nouvelles méthodes graphiques pour satisfaire le client et coller au exigences graphiques du projet et de la cible.

Mon plus beau projet était à la base un « me too » d’Angry Birds (un me too  est un jeu inspiré d’un jeu à succès tout en étant différent) à qui j’ai réussi à insuffler une vraie personnalité et un vrai style graphique aux personnages. Le studio a adoré et m’a recommandé une suite en me laissant cette fois carte blanche. 1 mois de travail, 7 jours sur 7 en travaillant 13 heures par jours. J’étais physiquement complètement vidé mais jamais je n’ai été aussi fier d’un de mes jeux surtout qu’il a extrêmement bien marché auprès du public.

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Quels conseils donneriez-vous à un jeune artiste qui souhaite démarrer dans les métiers de l’infographie?

Ne comptez que sur vous-même pour apprendre ! Observez, analysez, les gens, les objets, l’architecture, les vêtements, à chaque moment de la journée. Intéressez-vous à tous, non seulement aux domaines graphiques mais aussi à des choses auxquelles vous n’auriez jamais pensé auparavant, telles que la mécanique, les insectes, la géologie ou la mythologie. Chaque chose que vous assimilerez sera une force supplémentaire à votre pouvoir créatif et votre capacité de répondre à une demande. Même si vous êtes passionné par des univers précis, heroic fantasy, espace ou zombis, forcez-vous à vous intéresser à des choses différentes, ne vous enfermez pas.

Vous devrez bloquer une partie de votre temps sur l’apprentissage des outils qui ne sont pas si compliqués mais qui demandent beaucoup de pratique pour acquérir des automatismes et vous faire gagner du temps plutôt que de vous en faire perdre.
La dernière chose est d’avoir conscience que vous vous engagez dans une voie impitoyable, ou vous devrez travailler plus que tout le monde et cela toute votre vie. Le métier est ingrat lorsque l’on n’a pas de reconnaissance pour son travail mais c’est un bonheur sans limite d’être payé et récompensé pour exercer sa passion.

Amusez-vous, osez, mais soyez rigoureux, faites-en sorte de satisfaire vos clients et de leur faire gagner beaucoup d’argent avec vos créations. Ne soyez jamais satisfait de votre niveau graphique. Soyez prêt à progresser chaque jour de votre vie et à ce que votre quête n’ait jamais de fin.

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Quels sont vos projets futurs ?

Je monte à la fin du mois de juin mon studio de jeux vidéo qui verra naître mon premier projet 100% personnel qui devrait être disponible en septembre si tout se passe bien. C’est un jeu mobile/tablette très riche graphiquement et qui aura la particularité d’avoir été entièrement conçu et sketcher avec des COPIC. Les nombreux art works seront donc consultables à travers une section du jeu. Mon but étant de réunir ma double culture dessin/infographie, d’en tirer le meilleur et, pourquoi pas, attirer d’autres graphistes dans cette voie image.

Pour contacter Valentin Boogaerts, rendez-vous sur: 

 http://instagram.com/tino_copic